La Fabrique de la Cité, partenaire du Forum des Projets Urbains 2025
La Fabrique de la Cité a animé et soutenu plusieurs temps forts de cette 25e édition, qui s’est tenue lundi 17 novembre 2025, à Paris au Palais des Congrès. Cet événement a été l’occasion de présenter quelques sujets clés de notre programme d’études : santé en ville, mobilités, réindustrialisation ou encore conduite de projets urbains.
Urbanisme et Santé : faire de la santé une priorité urbaine
Les villes font face à des risques de plus en plus récurrents, liés aux impacts négatifs du dérèglement climatique ou propres à nos environnements urbains : les pandémies, la pollution, les nuisances, ainsi que les phénomènes d’îlot de chaleur urbain.
Alors que près de 80% de la population française vit en ville, la quête d’un environnement urbain sain devient de plus en plus urgente. Comment tendre vers une ville-santé qui protège des nuisances et des pollutions tout en maximisant certains bénéfices environnementaux présents en milieux urbains ?
Capucine Frouin, chargée de mission Urbanisme et Santé chez Ekopolis a rappelé, qu’en matière de santé, la question des milieux était très importante et qu’une grande partie de notre santé est déterminé par des déterminants socio-économiques et environnementaux, elle a donc appelé à construire et décliner les grands principes d’un « urbanisme favorable à la santé, permettant de créer des environnements agréables pour tous. »
Marie Chabrol directrice adjointe d’AIA Territoires a expliqué que chaque territoire a sa propre « personnalité de santé » dont il faut tenir compte, en amont, lors de la conception des projets.
Afin de développer, dans les projets, un urbanisme favorable à la santé, AIA a mis en place une démarche autour de quatre thématiques : santé environnementale, santé habitée, modes de vie et offre socio-sanitaires.
« Autant de nouvelles thématiques qu’il nous faut aborder et pour lesquelles il faut développer de nouvelles méthodes et solutions. », explique-t-elle. « Nous avons dressé des figures de santé, qui regroupent des enjeux multiples d’usages et de morphologie urbaine, à partir de toutes les expériences terrains que nous avons menées. »
Nous avons dressé des figures de santé, qui regroupent des enjeux multiples d’usages et de morphologie urbaine, à partir de toutes les expériences terrains que nous avons menées.
Nadia Tahri, directrice engagement responsable et innovations chez Espaces Ferroviaires s’est elle-aussi posé la question de l’intégration des enjeux de santé à une opération d’aménagement urbain.
Selon elle, des thématiques telles que l’alimentation, le sentiment de sécurité, et l’activité physique constituent de grands enjeux de cohésion sociale, et sont devenus des critères importants à intégrer dès la phase amont des projets. Certains espaces partagés peuvent ainsi répondre à des déterminants de santé : commerces ou aménagements sportifs, à condition de pouvoir suivre leur impact dans la durée et, plus largement, de veiller à leur intégration dans le fonctionnement du quartier.
Enfin, pour l’ensemble des intervenantes, les outils de diagnostic et d’évaluation sont nécessaires à la mise en place du critère santé dans les projets et accompagnent des enjeux forts de formation et d’acculturation à la santé environnement pour tous.
Réindustrialisation : réinventer la ville productive
Le forum a été l’occasion de s’interroger sur l’intégration de la réindustrialisation dans l’aménagement urbain, avec la participation notable d’Olivier Lluansi, qui a piloté le programme Territoires d’industrie et a rédigé la note Territoires : le défi du dernier kilomètre pour La Fabrique de la Cité.
Comment produire en France en 2025, alors que près de 2 millions d’emplois industriels ont été perdus ces deux dernières décennies ? Les territoires peuvent-il contribuer à la réussite d’une implantation industrielle ?
« Il n’y a pas de recette unique pour développer l’économie et l’industrie dans les territoires. », a-t-il expliqué. Territoires d’industrie a fonctionné en laissant la possibilité aux territoires de créer des gouvernances et de s’emparer du sujet de la réindustrialisation tout en pilotant des projets connexes sur le logement, la formation ou l’environnement.
Il n’y a pas de recette unique pour développer l’économie et l’industrie dans les territoires.
Au-delà de l’implantation d’usines, les lieux de productions doivent changer d’image.
« Il n’y a plus unicité du lieu de production, il y a une diversité de plus en plus grande lié aux évolutions technologiques. », a rappelé Olivier Lluansi.
Selon lui, il faut rendre à nouveau visible les sites industriels pour leur permettre de devenir des lieux esthétiques, ouverts sur la ville, qui servent l’image de marque des entreprises.
Mobilités décarbonées et changements de pratiques : l’harmonie en ville est-elle possible ?
Que sommes-nous prêts à accepter pour faire évoluer les modes de transport ?
Selon Hiba Debouk, directrice déléguée de l’AREP, le tout électrique ne suffira pas, car les véhicules électriques restent économiquement inaccessibles aux ménages modestes. En plus de cette question de justice sociale, il existe un enjeu d’’emprise foncière, car la voiture est particulièrement consommatrice d’espace, que ce soit en termes de circulation ou de stationnement.
Mais le train ne sera pas non plus la seule solution comme le constate Hiba Debouk : « Il faut trouver une alliance intelligente entre les modes, et penser des politiques qui s’imbriquent entre elles. »
David O’Neill, directeur marketing et prospective du groupe Keolis abonde en ce sens « c’est la multimodalité qui fera une transition réussie ! ». On ne peut pas penser un projet d’infrastructure de mobilité sans prendre en compte les logiques socio-économiques et l’aménagement du territoire. Plusieurs facteurs clés de réussite de la transition ont ainsi été identifiés et partagés par les intervenants :
- le déploiement d’une offre multimodale, plaidée par les Français,
- l’articulation des politiques de mobilité avec les autres politiques urbaines,
- la cohérence au niveau territorial (urbain, périurbain, rural).
Dans un carrefour avec des modes de déplacement qui se croisent, c’est le rythme du piéton qui doit s’imposer.
De son côté, Lionel Faure, expert modes actifs/partage de l’espace public pour Grenoble-Alpes Métropole, estime qu’il est primordial de remettre le piéton au cœur des mobilités. Oui, une ville plus lente « frotte » plus mais n’en devient pas forcément plus dangereuse : Selon lui, « dans un carrefour avec des modes de déplacement qui se croisent, c’est le rythme du piéton qui doit s’imposer. »
Ce constat est partagé par tous les intervenants : un espace urbain dans lequel la voiture ne joue plus le rôle de protagoniste principal permet de garantir une meilleure harmonie entre les différents modes de déplacements. Les rues aux écoles prouvent que lorsque l’on remet le piéton au centre du projet, les mètres carrés gagnés peuvent remplir d’autres fonctions de l’espace urbain : préserver le lien social, la santé des sols…
Charge alors aux acteurs de l’aménagement et des mobilités de proposer des projets désirables, qui émancipent les habitants de la voiture tout en tenant compte de leurs aspirations mais aussi de leurs contraintes de déplacement.
Méthodologie et gouvernance des projets urbains : paroles d’élus
Quelles méthodes et enjeux pour conduire des projets urbains ? Quatre élus en provenance de quatre territoires très différents ont partagé leurs retours d’expérience.
À Rouen, une ville dynamique dotée d’un riche patrimoine historique et industriel, subsistent des friches de centre-ville très convoitées. « Il a fallu mettre un stop à la politique de l’urgence » a noté Fatima El Khili, maire-adjointe de Rouen. Il semble primordial de prendre le temps de redéfinir les projets urbains avec l’ensemble des acteurs, en lien avec les habitants. La concertation devient un élément clé de la réussite des projets.
La relation promoteurs-élus a été réinventée. Nous utilisons la légitimité que nous donnent les citoyens pour mettre en place de la concertation et co-construire des projets.
C’est un gage de réussite et de bon déroulement des projets, comme le confirme Vincent Pruvost, maire-adjoint de Romainville. « La relation promoteur élus a été réinventée. » explique-t-il, « Nous utilisons la légitimité que nous donnent les citoyens pour mettre en place de la concertation et co-construire des projets. » Cette posture de co-construction limite d’ailleurs les recours.
Pour mettre en place les conditions de ce dialogue, David Ernest, marie-adjoint de Chaville, souligne l’importance de la formation des citoyens : « La première réunion d’information est souvent un temps de formation, qui pose le cadre de la concertation et garantit la richesse et l’efficacité du dialogue entre les divers acteurs du projet. »
À Chaville, les zones constructibles sont peu nombreuses, alors qu’il existe un fort besoin de logements sociaux. C’est pourquoi un pacte (PUR, Pacte pour un Urbanisme Responsable) a été passé avec l’ensemble des acteurs notamment les promoteurs afin de valoriser l’existant et préserver les espaces arborés.
Hervé Guihard, maire de Saint-Brieuc, constate lui-aussi que le ZAN a changé l’approche de l’aménagement. Les friches de centre-ville connaissent un regain d’intérêt. En témoigne le succès remporté par le vaste appel à projet lancé par la ville auprès des professionnels de la promotion immobilière, décrit par le maire comme « un véritable “showroom” de ses friches tertiaires »
Il précise les attentes des habitants. « La ville a une fonction en termes de services », explique Hervé Guihard, « et pour que ces fonctions se réalisent, il faut atteindre une bonne densité de population qui favorise l’économie. Dans une ville désertée, l’urbanisation est bloquée. »
La ville a une fonction en termes de services et pour que ces fonctions se réalisent, il faut atteindre une bonne densité de population qui favorise l’économie. Dans une ville désertée, l’urbanisation est bloquée.
Le rôle des élus semble aujourd’hui être celui d’un facilitateur qui rebâtit une relation de confiance et de transparence entre acteurs privés, publics et habitants des villes au service de projets exigeants et porteurs de sens pour les territoires.
La Fabrique de la Cité remercie les organisateurs du Forum des Projets Urbains ainsi que l’ensemble des intervenants qui ont pris la parole lors des tables-rondes de cette journée du 17 novembre 2025. Rendez-vous l’an prochain pour la 26e édition du FPU à Paris !
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La Fabrique de la Cité
La Fabrique de la Cité est le think tank des transitions urbaines, fondé en 2010 à l’initiative du groupe VINCI, son mécène. Les acteurs de la cité, français et internationaux, y travaillent ensemble à l’élaboration de nouvelles manières de construire et reconstruire les villes.

