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Webinaire « Les villes face aux feux de forêt »

Le 2 juillet 2025, La Fabrique de la Cité a organisé un webinaire consacré à la gestion du risque feux de forêt dans les villes françaises avec la participation d’Anne-Catherine Loisier, sénatrice de la Côte-d’Or, gestionnaire de forêts et présidente du groupe d’étude Forêt et filière bois, et d’Arthur Guérin-Turcq, géographe et coordinateur du programme de recherche-action « Habiter les cendres » au POPSU sur la forêt de la Teste-de-Buch (Gironde).

Ce webinaire naît d’un constat : en France, une commune sur cinq est exposée au risque de feux de forêts. Et ces derniers sont plus intenses, plus rapides et touchent des zones longtemps épargnées.

Alors, où en sommes-nous aujourd’hui dans la gestion de ce risque ? Et de quelle marge de manœuvre disposent les territoires pour le réduire ?

Pour Anne-Catherine Loisier, les grands incendies de 2022 en Gironde et dans d’autres départements ont accéléré la prise de conscience et fait émerger le besoin d’une approche du risque reconnue au niveau national et transversale, élaborée avec tous les acteurs concernés. C’est pourquoi le Sénat a décidé d’ouvrir une commission spéciale sur le sujet. La sénatrice a par ailleurs partagé l’idée d’évaluer la « valeur du sauvé », c’est-à-dire les biens et les personnes épargnées grâce à l’action de protection, afin de mieux calibrer les moyens alloués à la prévention et à la lutte.

« Les clés de la réponse à l’intensification du risque incendie c’est notamment de mettre en place une nouvelle approche à la fois mieux reconnue au niveau national, et transversale au niveau des administrations concernées. »

— Anne-Catherine Loisier, sénatrice de la Côte d'Or et présidente du groupe d’étude Forêt et filière bois

Parallèlement, elle a rappelé qu’alors que 90 % des départs de feux sont d’origine humaine (mégot, barbecue, accident électrique ou de chantier), la sensibilisation des citoyens aux bons gestes – en particulier en période de haut risque – reste primordiale.

Quels outils aux mains des collectivités ?

Pour les experts, face à l’extension des interfaces ville-forêt et une volonté des concitoyens à vivre au cœur de la forêt, il est clair que les plans d’urbanisme doivent davantage intégrer les risques associés à ce choix. La sénatrice précise que ces documents doivent également évoluer avec le risque, qui s’étend à de plus en plus de territoires, et être élaborés avec les acteurs publics comme privés, les agriculteurs, les élus, les sapeurs-pompiers afin de partager le même niveau d’information et optimiser la gestion de crise. Associer les acteurs de la gestion de la ressource en eau serait également bénéfique, dans un contexte à la fois de raréfaction de la ressource et de périodes de sécheresse des massifs de plus en plus fréquentes.

Cette évolution de l’urbanisme est encadrée par des missions confiées au préfet pour identifier les nouveaux territoires à risque. Le préfet de département est, en effet, un acteur majeur qui initie et coordonne les politiques de prévention. Il déclenche des plans spécifiques sur le territoire pour mobiliser rapidement les différents acteurs. Les maires ont également un droit de prévention lorsqu’il constate que des zones boisées non aménagées sont situées à proximité des habitations.

Agir au cœur de la forêt

Protéger la forêt des incendies passe également à travers des actions dans la gestion de la structure de celle-ci. Anne-Catherine Loisier encourage l’entretien régulier et la recherche d’un équilibre subtile entre maîtrise de la masse de combustibles – qui peut aider à la propagation du feu – et protection de la biodiversité qui se trouve dans les sols.

Arthur Guérin-Turcq plaide pour réfléchir l’aménagement de la forêt via une logique de prévention et non de lutte : permettre aux pompiers d’accéder aux feux est important, mais empêcher le feu de se propager l’est sans doute encore davantage. Ainsi, les pares-feux, en fragmentant les massifs, sont d’excellents outils de prévention ; il propose donc le concept de « trame rouge » à l’instar des trames bleue (pour l’eau) et verte (pour la végétation). Dans la forêt des Landes de Gascogne, l’expert fait état de pares-feux plus larges et plus nombreux depuis les feux de 2022.

©Service Départemental d'Incendie et de Secours de la Gironde - SDIS 33

Également, introduire une mixité dans les essences arboricoles est très efficace : les forêts mixtes – couplant feuillus et conifères – sont plus résilientes car elles gardent davantage d’humidité, ce qui freine la propagation du feu. Dans la forêt des Landes de Gascogne, une expérimentation en cours consiste à planter des haies de feuillus en bordure de parcelles pour se rapprocher d’une forêt mixte.

Évidemment, ces mesures de gestion de la structure de la forêt requièrent de s’adapter à la typologie et à la structure du massif, différentes selon les territoires.

Ce webinaire a permis de saisir que face à des moyens de lutte limités dans leur efficacité face à des feux extrêmement rapides et violents, les méthodes de prévention sont multiples, pour peu que la mobilisation demeure en dehors des périodes de haut risque… Une approche préventive indispensable pour que demeure la cohabitation ville – forêt.

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La Fabrique de la Cité

La Fabrique de la Cité est le think tank des transitions urbaines, fondé en 2010 à l’initiative du groupe VINCI, son mécène. Les acteurs de la cité, français et internationaux, y travaillent ensemble à l’élaboration de nouvelles manières de construire et reconstruire les villes.

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