Édito

Construire un monde plus juste et en meilleure santé

L’édition 2021 de la journée mondiale de la santé de l’Organisation mondiale de la Santé a pour thème « construire un monde plus juste et en meilleure santé ». Avec la pandémie, les inégalités de santé préexistantes se sont creusées, entraînant également un accroissement des inégalités socio-spatiales. Les groupes sociaux défavorisés, discriminés, soumis à la pauvreté et aux conditions de travail les plus défavorables ont subi les taux de décès les plus élevés. En Angleterre et au Pays-de-Galles par exemple, le nombre de morts à la suite d’une infection à la COVID-19 est deux fois plus important dans les quartiers les plus pauvres, tandis que les minorités ethniques représentent 34% des malades développant des formes graves de la COVID-19, mais seulement 14% de la population totale. Comment expliquer ces inégalités face à la COVID-19 ? D’une part, les minorités et les groupes sociaux les plus défavorisés sont ceux qui sont également le plus touchés par une autre maladie facteur de comorbidité (obésité, diabète, asthme, hypertension, cancers…) ; d’autre part, ces groupes sont davantage exposés, à la fois en raison de conditions de logement rendant difficile voire impossible l’isolement ou le télétravail et en raison d’un moindre accès à l’offre de soins.

Pour « construire un monde plus juste et en meilleure santé », l’OMS identifie ainsi cinq piliers à l’action collective : permettre l’accès aux dernières technologies médicales (dont les vaccins) pour tous les pays ; développer l’accès aux soins primaires pour tous ; étendre la protection sociale aux groupes sociaux qui en sont privés ; renforcer la constitution de bases de données de santé fiables ; et enfin construire des quartiers sûrs, sains et sans exclusion. Au-delà de la crise actuelle, l’enjeu est donc triple : un enjeu social de protection et de soutien économique aux plus vulnérables ; un enjeu urbanistique et architectural pour reconnaître l’impact du facteur environnemental (lieu et modes de vie associés) sur la santé ; et enfin un enjeu de santé publique et d’aménagement du territoire pour garantir l’équité territoriale dans l’accès à une offre de soins de qualité.

Balayant le faux débat du choix entre lutter contre le réchauffement climatique, garantir la sécurité alimentaire, améliorer la santé publique et la prospérité partagée, le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, affirme au contraire que tous ne sont que les faces d’une même médaille et que la pandémie a démontré l’urgence « d’investir dans la santé en tant que moteur du développement ». Tandis que les discussions ne cessent sur le devenir des villes petites et moyennes et sur celui des territoires ruraux, il faut revenir à certains fondamentaux bien connus des acteurs de terrain : si un cadre de vie plus apaisé attire de plus en plus, l’emploi, l’offre de formation et l’offre de soins restent les conditions sine qua non pour un changement de mode de vie et un déménagement. Alors que la santé est reconnue comme un facteur clé d’attractivité et de relance pour les territoires, alors que les villes prennent de plus en plus conscience de l’importance des facteurs environnementaux pour prévenir l’apparition de maladies et qu’elles sont aujourd’hui au premier plan pour organiser localement la campagne vaccinale, peut-on s’attendre à ce que les lignes bougent en faveur de compétences en santé à l’échelle des villes ? Si l’enjeu de créer de nouvelles compétences exclusives pour les villes en matière de santé environnementale nécessite de poser le débat, il est certain que remettre la santé au cœur des politiques territoriales nécessite d’actionner des leviers très divers : de la détermination de la bonne échelle du bassin de vie à couvrir et des coopérations interterritoriales à établir pour avoir une offre de soins sûre et de qualité à une politique d’attractivité territoriale permettant d’attirer et de conserver de nouveaux médecins en passant par l’adoption d’un nouveau paradigme d’aménagement ne faisant plus de la santé une simple option. Le défi est certes important mais il est d’ores et déjà possible de capitaliser sur les initiatives menées par les collectivités pionnières en matière de santé environnementale afin de clarifier l’étendue des possibilités d’actions actuelles et d’aider les autres collectivités dans leurs prises de décision.v

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La Fabrique de la Cité est le think tank des transitions urbaines, fondé en 2010 à l’initiative du groupe VINCI, son mécène. Les acteurs de la cité, français et internationaux, y travaillent ensemble à l’élaboration de nouvelles manières de construire et reconstruire les villes.

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