Depuis 2005 et la première mention de l’idée d’une smart city par Bill Clinton, quinze ans se sont écoulés. Entre temps, les projets de smart cityse sont multipliés dans des villes de tailles et de niveaux de développement différents : Barcelone, Songdo, Toronto, Medellin, Lyon, Yokohama, Singapour, Berlin, Nairobi, Shenzhen, Pune…Malgré sa large diffusion à la plupart des territoires urbains et la très grande diversité de ses déclinaisons, la smart city continue d’être évoquée au singulier. Sans doute cette vision homogène découle-t-elle des approches génériques qui caractérisent, à l’origine, sa formalisation par les grands groupes américains de la tech. Pourtant, la circulation globale de la smart city ne peut faire l’économie du constat de son adaptation à des contextes très variés : au regard des expérimentations indiennes, japonaises, européennes, sud-coréennes, ou africaines, la smart city n’est pas une évidence, tant se sont hybridées et mélangées ses multiples interprétations nationales et locales.
Alors que de nombreux rapports sont parus sur le sujet; la spécificité des enjeux de la smart city propre à chaque ville n’est que très rarement discutée. En quoi chaque smart city est-elle unique et répond-elle à des jeux d’acteurs et cultures d’aménagement radicalement différentes ? Pourquoi une même smart city ne peut-elle être dupliquée industriellement à l’infini en n’importe quel lieu ? Pourquoi les business modelstrop génériques ne fonctionnent-ils pas à l’identique dans toutes les smart cities ? En bref, pourquoi la smart cityest-elle d’abord un processus politique avant d’être un objet technologique ?
Ce cahier est le premier de la série « Smart cities : débats singuliers pour un modèle pluriel ».