L’innovation comme marqueur identitaire
Boston est la 21e plus grande ville des États-Unis, avec une population de plus de 656 000 habitants, dont 35% ont entre 20 et 34 ans. Le revenu moyen y est 30% plus élevé que le revenu médian aux Etats-Unis. Un chiffre qui s’explique par le pouvoir d’achat élevé de ses habitants et la dynamique locale du marché du travail, avec comme secteurs clés les sciences de la vie, la santé, services financiers mais aussi l’éducation supérieure.
La concentration d’écoles et d’universités à la réputation mondiale y est particulièrement importante. Bordée par les campus de Harvard et du MIT, Boston abrite également des universités prestigieuses (Boston University, Northeastern University) bénéficie ainsi d’une relation étroite avec le secteur académique, ce qui encourage la création et le déploiement d’initiatives innovantes permettant de répondre au mieux aux défis auxquels la ville est confrontée (changement climatique, inégalités sociales, etc.).
L’analyse et l’usage des big data dans la politique de la ville va bien au-delà du simple effet d’annonce. « À Boston, les data sont dans toutes les conversations, elles influencent les décisions politiques et la manière dont nous imaginons le futur de notre ville », explique le maire de la ville, Martin J. Walsh. La mairie est à l’origine de plusieurs projets destinés à explorer les solutions offertes par le digital pour créer des interactions avec les citadins et améliorer avec eux la qualité des services urbains. C’est le cas, notamment, de « Imagine Boston 2030 », un projet collaboratif initié en 2014 par la mairie, dont l’objectif est d’impliquer les citoyens dans le développement de leur ville en termes de transports, d’habitat, d’offre culturelle, de santé, d’aménagement des espaces publics et de lutte contre le changement climatique.
Les jeunes générations ne sont pas en reste. Le programme ONEin3, en particulier, les encourage à participer aux affaires de la ville et facilite les échanges entre les jeunes adultes et les décideurs.
Big Data City Résilience et partenariat au cœur de la stratégie de Boston
Autre initiative significative de la mairie de Boston : le programme « Climate Ready Boston » permet d’anticiper les impacts locaux du changement climatique et de développer des solutions pour y faire face. Boston est en effet la 4e ville la plus « vulnérable » des États-Unis, notamment à cause du risque de montée des eaux. À ce titre, la réhabilitation des infrastructures de transport est un défi majeur. 40% des Bostoniens ne possèdent pas de véhicule et les transports en commun ne sont pas à la hauteur. Le métro de Boston est l’un des plus congestionnés des Etats-Unis. Lancée elle aussi en 2014 par la mairie, l’initiative « Go Boston 2030 » entend justement améliorer les transports en impliquant les usagers : un plan d’action a été mis en place pour apporter des améliorations significatives dans le système de transports, réduire les inégalités entre quartiers, améliorer la connexion des individus aux différentes opportunités d’emplois et mieux anticiper les changements climatiques.
En parallèle, la mairie encourage le développement des moyens de transport alternatifs, par exemple en s’associant à des start-up de covoiturage telles que Zipcar ou Enterprise Carshare. En 2015, la ville a également annoncé un partenariat avec Uber et Waze sur le partage de données. Des partenariats qui devraient permettre d’accompagner la croissance urbaine, de soulager la congestion du trafic, de développer les transports publics et contribuer à diminuer les émissions de gaz à effet de serre. La preuve qu’il est possible pour une grande ville d’intégrer les nouveaux usages en matière de transport et d’en tirer parti, dans l’idée d’une complémentarité avec les transports collectifs.
Une ville plus efficace… et bientôt plus inclusive ?
Avec le « City Score Project », lancé en janvier 2016, la mairie de Boston va encore plus loin dans l’exploitation de la data. Le concept est simple : le City Score est une note attribuée à la ville pour évaluer son état de santé. La note 1 correspond au score parfait ; un chiffre supérieur à 1 signifie que la ville a dépassé ses objectifs, et un chiffre inférieur qu’elle doit encore progresser. Le City Score est le résultat de l’addition d’un certain nombre de données publiques de natures très diverses (nombre d’agressions au couteau, entretien des arbres, fonctionnement des feux de signalisation, etc.). Un outil censé faciliter la prise de décision. Avec ce projet, Martin Walsh envisage sa ville à la manière d’une entreprise, avec des objectifs chiffrés et des indicateurs de performance.
Mais la ville doit aussi faire face à des défis majeurs, au premier rang desquels la lutte contre les inégalités sociales puisque Boston est la 2e ville la plus « inégalitaire » du pays. Si le salaire médian y est élevé, la pauvreté concerne tout de même un habitant sur cinq et l’accès au logement est de plus en plus compliqué puisque le prix moyen des habitations a augmenté de 76% depuis 2000. Pour rompre avec cette tendance inflationniste, le maire de Boston a lancé en 2014 un plan intitulé « Housing a Changing City : Boston 2030 ». Ce programme doit permettre de construire 53 000 nouvelles habitations, accessibles à une grande variété de revenus. En parallèle, le Housing Innovation Lab lancé en 2015 vise à trouver des solutions pour réduire les coûts de construction, d’achat et de propriété d’un logement.Autant de projets innovants, à la fois inclusifs et participatifs, pour résoudre l’équation complexe entre efficacité, égalité et soutenabilité du projet urbain bostonien.