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Villes européennes et réfugiés

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Villes européennes et réfugiés

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Un laboratoire du logement abordable et de la résilience urbaine

Faire face à des mutations, lentes et de long terme, comme à des chocs soudains et brutaux fait partie de la réalité des villes depuis toujours.

Leur histoire démontre tout autant une capacité formidable à résister, à s’adapter et à renaître.  Tel est ce qui définit la résilience urbaine.

Depuis 2014, La Fabrique de la Cité explore les différentes facettes de cette résilience urbaine. Pourquoi cet intérêt ? Tout d’abord, sous l’effet d’un mouvement d’urbanisation qui ne fléchit pas, les villes concentrent toujours plus de population, toujours plus de centres économiques et politiques, donc toujours plus d’enjeux. Qui plus est, la mondialisation renforce la propagation des ondes de choc en favorisant la mise en réseau des villes à l’échelle mondiale mais aussi leurs interdépendances. Enfin, corollaire des raisons précédentes, les villes sont plus que jamais des acteurs majeurs de la gestion des risques et de la prévoyance, en offrant un échelon d’action et de gouvernance pertinent et efficace.

Les chocs comme les perturbations de long terme que les villes ont aujourd’hui à affronter sont multiples tant par leur nature, leur temporalité et leur échelle. Après avoir centré ses travaux, dans un projet mené en partenariat avec la London School of Economics, sur les chocs industriels et commerciaux qui s’est achevé en 2016, La Fabrique de la Cité a décidé de traiter de la résilience des villes face aux chocs démographiques, en s’appuyant sur l’expérience actuellement vécue par de nombreuses villes européennes confrontées à l’arrivée de nombreux demandeurs d’asile.

Ce choix ne doit pas seulement à l’actualité brûlante que représentait, en 2016, ce qu’il est convenu d’appeler la « crise des réfugiés ».

Il s’inscrit à la croisée de ce constat conjoncturel et d’une réflexion de long terme que mène La Fabrique de la Cité sur la difficulté qu’ont toutes les villes européennes en croissance à construire une quantité suffisante de logements abordables.

Car tel est bien l’angle que nous avons choisi de retenir dans notre étude consacrée à l’accueil des demandeurs d’asile, devenus, pour un certain nombre d’entre eux, aujourd’hui des réfugiés, arrivés dans les villes européennes à partir de l’été 2015. D’abord parce que, sur la question du logement, La Fabrique de la Cité est au cœur de sa mission et de la valeur ajoutée qu’elle peut apporter à ce sujet complexe. Ensuite parce que c’est la première question que se posent les villes : comment faire en sorte de trouver un toit à ces nouveaux arrivants ? Ce choix ne signifie pas que nous minimisons les autres sujets liés à l’accueil des demandeurs d’asile – intégration sociale, emploi, etc. – ni que nous avons fait l’impasse sur ces thèmes. Ils sont évidemment intimement liés à la question du logement et nous en traitons sous cet angle. C’est ainsi que, par exemple, notre étude aborde, à travers la question de la localisation des hébergements de moyen terme, celle du lien entre logement et intégration sociale.

Ce premier choix – centrer la question de l’accueil des réfugiés sur le logement – s’est accompagné d’un second : celui de limiter notre étude aux villes européennes particulièrement touchées par la crise des réfugiés. C’est ainsi que, très naturellement, nos travaux se sont concentrés sur les villes suédoises et allemandes. L’Allemagne ayant reçu 890 000 demandeurs d’asile en 2015 et la Suède étant le pays européen comptant le plus grand nombre de demandeurs d’asile par tête, per capita, les villes de ces deux pays offrent des exemples particulièrement intéressants pour quiconque souhaite étudier l’accueil des demandeurs d’asile dans le tissu urbain européen.

Par conséquent, nulle idée de distribuer les bons ou les mauvais points n’a présidé à notre choix alors qu’il est tentant, dans une situation de crise, de stigmatiser ou critiquer.

Fidèle à son ADN, La Fabrique de la Cité donne à voir ce qu’ont fait ces villes dans leur diversité : car, de même qu’aucune ville n’est identique à une autre, chaque ville européenne semble avoir mis en œuvre des réponses et initiatives uniques en réponse à la crise migratoire. In fine, la diversité des situations pose un véritable défi en termes de réplicabilité des réponses trouvées.

Plusieurs villes ont ainsi développé des réponses hyper locales à l’enjeu posé par l’accueil massif de réfugiés : on parle de modèle de Kiel, de Munich, de Hanovre, de Brême ou encore de Leverkusen ou de Krefeld, les plus petites communes n’étant pas en reste pour proposer des solutions innovantes en termes de logement ou d’intégration par l’emploi. Une multiplicité de réponses et de modèles qui accroît encore l’intérêt d’adopter une perspective urbaine dans l’étude des problématiques migratoires.

Dans le même temps, notre étude montre également que toutes les villes sont confrontées aux mêmes défis, aux mêmes interrogations : comment répartir les nouveaux arrivants ? Comment identifier les logements mobilisables ? Etc. De la sorte, en répertoriant la diversité des réponses apportées, nos travaux peuvent servir de guide pratique aux villes qui sont confrontées à la même situation, en leur donnant à voir des solutions différentes d’une ville à l’autre.

Qui sont ou seront confrontées… Car ne nous y trompons pas : ce qui se joue aujourd’hui en Allemagne ou en Suède a de fortes chances de se reproduire à l’avenir. Pour accroître leur résilience au court comme au long terme, les villes ont tout à gagner à conserver la  mémoire des enseignements et connaissances nées de la récente crise migratoire. De nombreuses villes européennes savent que cette dernière ne constitue en rien un incident isolé mais s’inscrit bien davantage dans un nouveau paradigme qui verra les flux migratoires s’intensifier et les chocs démographiques devenir plus fréquents, qu’ils soient le fait de troubles politiques ou du changement climatique.

Ces migrations seront intrinsèquement difficiles à prévoir et il est donc crucial que les villes s’y préparent en sauvegardant les solutions d’ores et déjà développées.

C’est là que réside, précisément, l’intérêt d’une étude de la réponse des villes européennes à la crise des réfugiés de 2015, qui examine successivement l’expérience qu’ont fait ces villes de la constitution d’une offre de logement d’urgence et de long terme ainsi que les éventuels liens qu’elles ont perçus entre ces défis et leur pénurie préexistante de logement abordable. Les précieuses leçons qu’elles en ont tirées permettront aux villes de se préparer aux crises futures, de même qu’elles peuvent aider à résoudre de plus larges problèmes, tels celui de la pénurie de logement abordable, qui pourrait bien s’avérer, dans les décennies à venir, la principale menace pesant sur la résilience urbaine.

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La Fabrique de la Cité

La Fabrique de la Cité est le think tank des transitions urbaines, fondé en 2010 à l’initiative du groupe VINCI, son mécène. Les acteurs de la cité, français et internationaux, y travaillent ensemble à l’élaboration de nouvelles manières de construire et reconstruire les villes.

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