Des villes de plus en plus chères, des gens de plus en plus loin ?
Les causes sont nombreuses et exacerbées par la crise sanitaire. Le littoral vendéen, par exemple, déplore que les logements soient davantage prisés par les vacanciers parisiens ou les télétravailleurs.. Même constat ailleurs, à Bayonne par exemple où cette fois-ci les résidences secondaires et l’attractivité locale confisquent une partie importante du parc de logements. Spatialement, l’impact est énorme avec un qui périurbain s’étend progressivement, les habitants s’y installant faute de pouvoir accéder aux centralités. Socialement, ensuite, il existe ce que Jérôme Fourquet appelle un phénomène « d’étagement des catégories sociales dans l’espace ». Le logement pèse de plus en plus lourd dans les budgets des ménages qui voient également le coût du transport et la dépendance à la voiture augmenter au rythme de l’éloignement spatial. À l’heure où la mobilité décarbonée s’engage, où les ZFE se développent, interdisant le centre-ville aux véhicules thermiques les plus vieux, l’exaspération sociale monte.
Pour y remédier, Emmanuelle Wargon, Ministre déléguée au Logement, a décidé de mettre en place une politique de « soutien au logement abordable » articulée autour de trois leviers : le logement social, intermédiaire et la mobilisation du parc privé à loyer abordable. Pour le premier des trois, un ambitieux objectif de création de 250 000 logements à horizon 2022 est prévu. Pour le second, l’idéee est de pouvoir accélérer la location de ces logements à des tarifs plafonnés à l’horizon 2023. Dans le même temps, la Ministre a accédé à la volonté formulée par les élus de pouvoir bénéficier d’un encadrement des loyers, ancrée dans la capacité d’expérimentation des territoires lorsque la loi 3DS sera adoptée. Quoiqu’il en soit, des résultats positifs devront voir le jour, avec la contrainte d’une élection présidentielle en ligne de mire et la question prioritaire du logement.
Aaccès à la mobilité décarbonée, artificialisation des sols, rénovation des parcs de logements abordables, centres-villes devenus inaccessibles : autant de conséquences d’une redéfinition spatiale du territoire français. L’urbain étant une suite de phénomènes interdépendants, agir pour le logement abordable, c’est in fine agir pour consolider la relation métropole – ville moyenne et ne plus alimenter un sentiment de déclassement territorial.