Quels sont dès lors les leviers d’action ? Comment catalyser les actions diverses et multiples qui permettront d’aboutir à l’objectif global de l’accord de Paris ?
Cette question est celle du rôle des villes, principaux lieux de consommation d’énergie et principales émettrices de gaz à effet de serre. C’est là que se jouera la transition vers une société bas-carbone, plus encore alors que le bouleversement des systèmes énergétiques conduit à déplacer l’épicentre des systèmes énergétiques de la production vers les lieux de consommation, donc vers les villes.
En effet, sous la double influence de l’accroissement de la part des énergies intermittentes et de la révolution numérique, les villes deviennent le lieu où l’on pourra agir sur le lissage des consommations et le stockage de la production.
La réponse à cet enjeu ne se trouve que très partiellement dans la technologie : hormis la question du stockage, notamment de l’électricité, la plupart des technologies permettant de basculer vers un modèle bas-carbone existent, que ce soit dans la production, la consommation ou la distribution d’énergie.
Les modèles économiques et de gouvernance restent largement à inventer.
Tel est bien ce qui se dessine derrière les multiples stratégies des villes, qu’on a pu rassembler sous le concept-valise de « smart city », qui cache en réalité une course à l’attractivité et une concurrence acharnée entre les grandes métropoles mondiales.
Derrière la recherche des modèles économiques et de la gouvernance idoine, ce sont aussi les questions de la redistribution de la valeur entre les différents acteurs et de la bonne maille de l’action (bâtiments, quartier…) qui sont posées.
Dans le secteur du bâtiment, comment vont se redéfinir les rôles entre énergéticiens, constructeurs et entreprises de l’IT ? Quels seront les effets de la généralisation du Nearly Zero Energy Building (NZEB, qui pourrait être le BEPOS en France) – défini comme un bâtiment à haute performance énergétique dans la directive européenne – dont les Etats Membres doivent, d’ici 2020, fournir une définition nationale ?
Selon le cabinet ECube, il paraît clair que la définition du NZEB par les autorités publiques favorisera mécaniquement certaines énergies – in fine, le choix des énergies dépendra des critères temporels et spatiaux du NZEB/BEPOS retenus. En tout état de cause, le NZEB/BEPOS, un producteur décentralisé de l’électricité, deviendra un nouvel acteur dans le marché de l’énergie et son développement diffus au niveau du bâti aura des effets sur les modèles d’affaires existants des fournisseurs et distributeurs d’énergie.
Qui seront les prescripteurs ? Au Japon, devenu le symbole du développement industriel du photovoltaïque (PV), ce sont les constructeurs BTP qui sont devenus prescripteurs, en intégrant le PV dans le préfabriqué et le neuf en général, au prix d’une politique de soutien au PV très ambitieuse, et extrêmement coûteuse.
Le même type de questions peut être posé dans le domaine de la mobilité individuelle, les véhicules électriques étant à l’interface des secteurs de l’énergie et de l’automobile.
Dans les deux cas, l’interrogation porte aussi sur l’identité des nouveaux acteurs que seront les agrégateurs, les gestionnaires d’effacement, les fournisseurs de services en aval du compteur ou encore les gestionnaires de charge du véhicule électrique.
Une certitude : dans tous les cas, l’utilisateur final, en l’occurrence le citadin, aura un rôle central puisque c’est de lui, à savoir de la gestion de sa consommation, et non plus du contrôle de la production, que dépendra l’équilibre du système.
C’est donc autour de lui et de la connaissance au plus près de ses usages que doivent se concentrer les acteurs industriels se positionnant sur la chaîne de valeur.
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