Édito

Haussmann et nous

Haussmann précurseur de la smart city résiliente, connectée et attentive aux usages ? C’est la question que soulève en filigrane l’exposition « Paris Haussmann – modèle de ville » présentée au Pavillon de l’Arsenal à Paris jusqu’au 7 mai 2017. Par bien des aspects, la ville haussmannienne répond en effet à des critères de durabilité forts : grande densité bien vécue notamment grâce à un accès à la lumière et une ventilation naturelle optimisées et à une proximité de services assurée, fluidité des circulations, immeuble connecté en devenant pour la première fois un véritable terminal de différents réseaux urbains et ville connectée par le développement des nouveaux connecteurs urbains multiscalaires (gares, métro…),  indice de marchabilité fort, mixité des usages et réversibilité d’usage aisée (transformation d’habitations en bureaux puis à nouveaux en logement), circuits courts et économie circulaire avec une exploitation des matériaux de construction locaux… et reproductibilité dans la variation à grande échelle, ce qui autorise de parler de modèle.

Tels sont bien les principaux enjeux auxquels sont confrontées les villes aujourd’hui. Et pourtant, la raison pour laquelle Haussmann doit nous parler aujourd’hui, c’est peut-être encore davantage pour son vrai coup de maître dont on parle trop peu : l’affirmation de l’espace public comme instrument de modernisation de la ville, d’unification du territoire urbain qui devient d’échelle métropolitaine et enfin de fondation d’une société nouvelle, urbaine, individualiste, plurielle, anonyme et libre. Dans la ville haussmannienne, la rue, comme espace de circulation et comme espace social, est première. L’immeuble vient ensuite. L’édification de cette rue s’accompagne d’un mobilier urbain spécifique composé de bancs, de fontaines, d’horloges, de kiosques et de vespasiennes qui n’ont d’autre but que d’assurer le confort du piéton, qui jouit tout à la fois de l’ivresse du mouvement et de la joie du repos qui lui permet de contempler la ville.

Aujourd’hui, les innovations, les expérimentations et les démonstrateurs se multiplient et témoignent d’une réflexion stimulante sur la ville de demain. Le grand enjeu reste toutefois celui de réussir à dépasser la collection d’objets, aussi intéressants soient-ils, pour créer cette unité au-delà de la diversité qu’est la ville.  Ce que nous apprend Haussmann, c’est que bâtir une ville et fonder une société, c’est avant tout penser l’espace public. A quand un regard nouveau sur ce grand oublié de la réflexion contemporaine ?

Cet édito est extrait de L’Instant Urbain (mars 2017) de La Fabrique de la Cité.

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La Fabrique de la Cité est un think tank dédié à la prospective urbaine fondé en 2010 à l’initiative du groupe VINCI, son mécène. Les acteurs de la cité, français et internationaux, y travaillent ensemble à l’élaboration de nouvelles manières de construire et reconstruire les villes.

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